La retraite à 60 ans financée par le plein emploi est-elle réalisable ?
Marine Le Pen a déclaré qu’elle reviendra sur la retraite à 60 ans, financé par le plein emploi si elle est élue. Découvrez l’analyse de Jacques Bichot, un économiste spécialisé dans les retraites.
Le 8 mars 2017, Marine Le Pen a encore réaffirmé sur les ondes de RTL Matin qu’elle compte revenir à un départ en retraite à 60 ans avec 160 trimestres cotisés pour bénéficier d’une pension à taux plein. Cette mesure va à l’encontre de toutes les réformes effectuées depuis 2010, prévoyant le recul de l’âge de départ afin de mieux répartir le poids du versement des retraites qui pèse sur la population active à cause de l’allongement de l’espérance de vie, mais aussi à cause du départ massif en retraite de la génération du Baby-boom.
Un zoom sur les détails pour bien comprendre ce programme portant sur les retraites
Marine Le Pen a également dévoilé ses intentions en ce qui concerne les régimes spéciaux : certaines caisses seront supprimées si elle est élue. Elle n’envisage pas du tout à la fusion en créant une grande caisse universelle comme le feraient François Fillon et Emmanuel Macron. Ainsi, les régimes qui ne se justifient pas seront supprimés : elle a indiqué qu’elle n’a pas une vision idéologique sur ce sujet.
La retraite à 60 ans grâce au plein emploi relève de l’utopie
L’économiste insiste également sur le fait qu’il n’y a aucun rapport entre l’âge de départ et le chômage. Par exemple, avec un taux de chômage inférieur à 5 %, 50 % des Suédois travaillent encore jusqu’à 70 ans. En conclusion, il indique que la promesse d’un retour à la retraite à 60 ans n’a aucun fondement économique. La candidate du Front National veut seulement attirer l’électorat populaire, tout comme le candidat du Front de Gauche.
Retraite à 60 ans : une violente opposition dès 1982
Les médias se souviennent notamment des propos de Philippe Seguin : « Prisonniers de vos mythes, vous êtes enfermés dans une terrible alternative : désespérer ceux qui ont cru en vous, ou ignorer la réalité économique. Vous n’avez plus le choix qu’entre l’irrationnel et une certaine forme d’imposture. Je ne suis que médiocrement rassuré de vous voir choisir la deuxième voie ». Devenu ministre des Affaires social et de l’Emploi, quatre ans plus tard, Philippe Seguin redoutait les effets de la disparition de la garantie des ressources dans le projet final de 1982 parce qu’il appréhendait une baisse des pensions pour assurer le financement de la retraite à 60 ans. Ses doutes se sont malheureusement confirmés pour certaines petites retraites, en particulier dans le secteur agricole.
Plus de débats à propos de l’âge ?
35 ans après la réforme de 1982, l’âge de départ en retraite demeure toujours un sujet qui divise dans les discours politiques. Mais peut-être que cette situation ne va plus durer. En effet, Jacques Bichot assure qu’il s’agit d’une notion périmée dans le système de retraite par point appliqué en Allemagne et en Suède. Ce système sera intégré dans la réforme qui sera mise place par Emmanuel Macron et François Fillon si l’un d’entre eux est élu.