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C’était une promesse de campagne du Président Emmanuel Macron et elle va effectivement devenir une réalité d’ici 2019. On parle de l’alignement des retraites du public sur le privé. De par cette réforme, que ce soit pour les fonctionnaires ou les salariés du secteur privé, les pensions seront les mêmes pour chaque euro cotisé. Le but de cette refonte étant de réduire l’écart entre le public et le privé, on en arrive à se demander qui en sortira gagnant. Une étude menée par le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) en 2015 parle de plus de la moitié des fonctionnaires (53%) tandis qu’une autre étude, menée cette fois par l’Ifrap (Fondation pour la Recherche sur les Administrations et les Politiques publiques), stipule que seuls un tiers des travailleurs issus du secteur public y trouveront leur compte.

Que dit l’étude de l’Ifrap ?

Pour son étude, l’Ifrap s’est intéressé à 4 004 fonctionnaires nés entre 1954 et 1962 (pas de militaires ni de catégories civils actives) et qui sont à jour dans leur cotisation au moment où ils quittent la vie active, un départ en retraite qui se fait à l’âge de 62 ans, notons-le. Selon l’Ifrap, avec l’unification du régime et l’application des règles du régime général et des complémentaires Agirc-Arrco, ces salariés perdraient, pour la plupart, jusqu’à 7,7% de leur pension (primes compris). Ceci constituerait pour eux un énorme manque à gagner. Favorable à plus d’équité entre public et privé, l’Ifrap préconise alors de procéder à des réformes allant jusqu’à pousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Son souhait est que, d’ici 2022, les régimes spéciaux comme ceux qui régissent les retraites des salariés de la RATP, la SNCF, EDF ou encore les fonctions publiques viennent à disparaitre pour laisser place à un seul régime commun (régime par points). Cette démarche devrait permettre de faire une économie de 13,8 milliards d’euros d’ici à 2025.

Divergence de point de vue avec le COR

De son côté, le COR a également mené une étude similaire, mais avec des conclusions différentes. Son étude qui remonte à 2015 avait démontré que les fonctionnaires nés en 1958 verraient leur pension rehaussée de 2,4% avec un régime unique. L’alignement sur le privé serait profitable à 53% des fonctionnaires retraités. On est bien loin du tiers évoqué par l’Ifrap. Cette grosse différence s’expliquerait par le fait que, pour son étude et contrairement à l’Ifrap, le COR a tenu compte des pensionnaires publics poly-affiliés et qui auraient pu, à un moment de leur carrière, travailler dans le secteur privé. L’Ifrap, qui ne prend pas en compte non plus les décotes et les surcotes, maintient que deux tiers des fonctionnaires seront lésés par cette nouvelle réforme. A Mme Agnès Verdier-Molinié, la directrice de l’Ifrap, de rappeler également que dans le privé, les petites rémunérations bénéficient d’un meilleur taux de remplacement. Toujours selon l’Ifrap, les enseignants et les employés des chemins de fer feront partie des grands perdants de la nouvelle réforme.