Plus d’un million de seniors ont déjà choisi de s’établir à l’étranger pour mieux vivre leur retraite : les organismes de sécurité sociale français déboursent ainsi, chaque année, plusieurs milliards d’euros en pensions pour les retraités à l’étranger.

Les raisons qui poussent les seniors à partir
En quête d’une meilleure qualité de vie et d’un climat plus clément, les sexagénaires se tournent vers des pays d’accueil situés non loin de la France comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce et l’Italie. Comme le coût de la vie y est de 15 % à 20 % moins élevé, les retraités peuvent y vivre mieux avec leur pension. Pour profiter d’un coût de la vie jusqu’à 50 % plus faible, il faut partir plus loin comme en Thaïlande ou au Brésil.
Préparer sa retraite dans un pays étranger
Avant de prendre la décision de passer sa retraite à l’étranger, il est conseillé de bien s’informer sur les règles applicables dans le pays d’accueil, les accords sociaux et les conventions d’imposition qui existent entre la destination choisie et la France. Il est également recommandé de bien considérer certains paramètres qui faciliteront l’intégration sociale, qui garantiront le confort et le bien-être du retraité : climat, proximité avec la France, qualité des infrastructures disponibles sur place, coût de la vie, etc.
Les démarches à accomplir et à respecter
Pour toucher sa pension à l’étranger, il faut effectuer une demande accompagnée d’un certificat de résidence et des coordonnées bancaires à l’étranger auprès de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV). La CNAV réclame tous les ans un certificat d’existence délivré par l’administration de votre pays d’accueil afin d’être certain que le retraité est toujours en vie. Il s’agit d’un formulaire préétabli qui doit être visé par le consulat de France.
Retraite et couverture maladie
La couverture santé des expatriés dans le pays d’accueil va varier selon les États :
• Lorsqu’il s’agit d’un pays membre de l’Union européenne, d'un pays assimilé ou d'un pays qui a signé une convention sociale avec la France, le retraité continue de bénéficier de la protection sociale française en cas de maladie ou de problèmes de santé.
• Dans les pays qui n’ont pas signé d’accord social avec la France, il faut adhérer à la Caisse des Français à l’étranger (CFE) pour profiter de la même couverture maladie que les retraités restés en France.
Fiscalité de la retraite
Lorsqu’un Français réside plus de 183 jours par an à l’étranger et qu’il ne possède pas de résidence, ni d’intérêts économiques dans l’Hexagone, les règles d’imposition varient en fonction des accords fiscaux signés entre la France et le pays d’accueil. Si aucune convention n’a été établie, le retraité sera doublement imposé.
Lorsque le retraité a définitivement quitté la France, les prélèvements comme la CSG et la CRDS ne s’appliquent plus. Il peut même profiter d’une fiscalité avantageuse dans certains pays.
Investir dans l'immobilier
Si vous souhaitez acquérir un bien immobilier dans votre pays d’accueil, il est fortement recommandé de bien s’informer sur les droits de propriété des étrangers dans le pays d’expatriation. Les règles sont plus cadrées dans les États membres de l’Union européenne. Si le retraité souhaite investir dans d’autres pays, il est préférable de faire appel aux services d’un expert pour bénéficier de conseils avisés et pour repérer les opportunités qui répondent à vos attentes.
Le système de retraite des expatriés
Un Français expatrié et en activité dans son pays d’accueil doit obligatoirement verser ses cotisations de retraite auprès des organismes de retraite locaux. Toutefois, il peut également effectuer une affiliation volontaire auprès d’une caisse de retraite en métropole pour bénéficier d’une pension de retraite en France. Mais dans ce cas, il va alors cotiser à la fois dans les deux pays.
Le calcul des droits à la retraite des expatriés dépend des règles qui s’appliquent dans le pays d’accueil :
1. Dans un pays membre de l'Union Européenne :
Dans les pays membres de l’Union européenne mais aussi en Norvège, en Suisse, au Liechtenstein et en Islande, le travailleur expatrié touche une pension versée par le pays dans lequel il a travaillé. C’est la législation locale qui s’applique en ce qui concerne l’âge légal de départ et les paramètres pris en compte pour le calcul de la pension de retraite.
Si la personne a travaillé dans plusieurs pays différents, les pensions accordées par les différents États sont additionnées pour obtenir le montant total de la retraite. Si la somme des pensions est inférieure au montant du minimum vieillesse, la Sécurité sociale française lui accorde une allocation complémentaire pour que son revenu atteigne le niveau minimum.
2. Dans un pays hors de l'Union Européenne :
Dans les pays étrangers qui ont signé une convention sociale avec la France, les règles sont très proches de celles qui s’appliquent dans les pays de l’Union européenne. L’assurance vieillesse des salariés expatriés est régie par des accords bilatéraux très explicites dans les 36 États suivants : Andorre, Algérie, Bosnie, Cameroun, Bénin, Canada, Chili, Corée, Cap-Vert, Côte d'Ivoire, États-Unis, Croatie, Guernesey, Gabon, Israël, Inde, Japon, Macédoine, Jersey, Mali, Mauritanie, Maroc, Mayotte, Monténégro, Monaco, Niger, Philippines, Nouvelle-Calédonie, Québec, Polynésie, Sénégal, Saint-Pierre-et-Miquelon, Serbie, Tunisie, Togo et Turquie.
Dans les pays qui n’ont pas signé d’accord bilatéral avec la France, aucune coordination n’est prévue. Le travailleur expatrié peut cotiser sur place en respectant la législation locale. Il a la possibilité de continuer à cotiser volontairement en France pour profiter d’une pension plus élevée une fois à la retraite.
La cotisation volontaire des expatriés en France
En cotisant volontairement en France, les expatriés se constituent des droits pour leur retraite de base, pour leur retraite complémentaire, pour l’assurance maladie et pour la maternité. Ce choix ne les dispense pas des cotisations aux régimes obligatoires du pays d’accueil. Il doit donc cotiser deux fois.
Les expatriés qui veulent cotiser volontairement à l’assurance vieillesse doivent adhérer à la Caisse des Français à l’Étranger (CFE). Il faut noter que pour un expatrié qui cotise volontairement aux régimes obligatoires français et à un régime d’un pays membre de l’Union européenne ou d’un État qui a signé un accord bilatéral avec la France, les trimestres ne seront pris en compte qu’une seule fois lors du calcul de la pension de retraite.
Où verser les cotisations volontaires ?
Les organismes suivants peuvent recevoir les cotisations volontaires des expatriés :
- La caisse des Français de l’Étranger (CFE) pour la retraite de base ;
- La Caisse de retraite des expatriés (CRE) pour la retraite complémentaire des salariés ;
- L’Institution de retraite des cadres expatriés (Ircafex) pour la retraite des cadres.
Le rachat des trimestres
Un expatrié a la possibilité de racheter des trimestres qui correspondent à la période pendant laquelle il a travaillé à l’étranger, et ce, même s’il ne cotise pas auprès d’une caisse de retraite française. Depuis 2011, le prix des trimestres rachetés au titre de l’expatriation est le même que celui des trimestres d’études supérieures et des périodes d’inactivité.
Toutefois, il y a une autre règle qui s’y rapporte : l’expatrié doit racheter tous les trimestres pour lesquels il n’a pas versé de cotisation, à moins que la totalité du rachat dépasse 80 trimestres validés. À ce moment-là, le rachat partiel est autorisé, mais il doit commencer par les trimestres les plus anciens.
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