Le statut d’apprenti sera-t-il avantageux pour les seniors à la recherche d’emploi ? Il s’agit d’une proposition du président François Hollande dans le but de réduire le taux de chômage des seniors
Le lundi 28 avril 2014, le président François Hollande a fait une proposition : les personnes qui se retrouvent au chômage pendant une longue durée devraient pouvoir accéder au statut d’apprenti. Cette nouvelle disposition va-t-elle permettre aux seniors à la recherche d’un emploi de trouver un nouveau travail ?
L’apprentissage : une amélioration de l’accès à la formation pour les chômeurs
Une économiste du Centre d’études de l’emploi a estimé qu’il s’agit d’une avancée dans la mesure où il n’y a plus de seuil d’âge pour bénéficier du statut d’apprenti.
La proposition du président de la République va améliorer l’accès à la formation des personnes sans emploi. Cette spécialiste a précisé qu’actuellement, seulement 20 % des chômeurs peuvent bénéficier d’une formation.
Par ailleurs, les personnes au chômage pourront accéder à des postes vacants dans des secteurs d’activités où les postulants qualifiés sont rares ou même inexistants (boucher, métiers de bouche dans l’artisanat).
Des difficultés dans l’application du dispositif
Comme l’apprentissage a toujours été réservé aux jeunes actifs âgés de 16 ans à 25 ans, la rémunération varie de 25 % à 78 % du SMIC. Lorsque les seniors au chômage accèdent au statut d’apprenti, ils pourront par exemple continuer de percevoir leur indemnité de chômage. Cependant, il faut noter que ces allocations peuvent être très faibles et de nombreux demandeurs d’emploi n’y ont même pas droit.
Il faut également savoir que les contrats d’apprentissage ne sont pas nombreux sur le marché du travail. Ainsi, les seniors pourraient devenir des concurrents pour les jeunes actifs à la recherche d’une première expérience concluante.
Les autorités compétentes devraient apporter des précisions sur l’articulation de cette nouveauté avec les dispositifs applicables en cas de reconversions : Convention de Reclassement Personnalisé (CRP) et Convention de Transition Professionnelle.
L’application de la version améliorée du contrat de génération a été retardée par les hésitations des chefs d’entreprises employant de 50 à moins de 300 salariés. Un accord ou un plan d’action avec ces entreprises devrait être établi d’ici mars 2015. Deux petits bémols : le dispositif ne concerne pas les « sans-emploi » de moins de 55 ans et ne considère pas les caractéristiques du travail.
À partir du 1er janvier 2015, les chômeurs âgés de 60 ans à 62 ans qui perçoivent l’allocation spécifique de solidarité pourront bénéficier d’un contrat financé par l’État.
Découvrez les informations suivantes sur retraite.com pour mieux comprendre le contrat aidé proposé aux chômeurs de 60 ans à 62 ans
Le 6 novembre dernier, le président François Hollande a déclaré lors d’une intervention diffusée sur TF1 et RTL pour réaliser le bilan à son mi-mandat, qu’un contrat aidé réservé aux chômeurs de 60 ans à 62 ans ne justifiant pas du nombre de trimestres nécessaires pour liquider leurs droits à la retraite sera créé.
Il a rappelé que les chômeurs qui disposent de la durée de cotisation requise pour le taux plein, mais qui n’ont pas encore atteint l’âge légal de départ en retraite, touchent déjà une allocation. Il faut noter que le décret qui étend l’allocation transitoire de solidarité (ATS) aux chômeurs en fin de droits nés en 1953 a été signé par l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault le 5 mars 2013.
Les conditions à remplir pour bénéficier du contrat aidé
Le contrat aidé est présenté sous forme d’un contrat de travail au sein d’une société ou d’une collectivité locale. Ce contrat, destiné aux seniors de 60 ans à 62 ans et touchant une allocation spécifique de solidarité (ASS), est financé par l’État.
Il faut noter que l’ASS est versée sous certaines conditions : le bénéficiaire doit avoir au moins 40 ans, ses droits au chômage et à la formation doivent être épuisés, il doit être valide et le montant de ses revenus ne doit pas excéder 1 288,80 euros par mois pour une personne seule et 1 772,10 euros par mois pour un couple. Le président de la République n’a pas indiqué le nom de cette nouvelle mesure et il n’a pas donné le nombre de bénéficiaires.
Taux de chômage et contrat de génération
Le président Hollande projette d’inviter les entreprises à recruter les seniors en priorité dans le cadre du pacte de compétitivité. Cette initiative découle sans doute du constat de la hausse du taux de chômage chez les plus de 50 ans. En effet, depuis le début de son mandat, le taux de chômage a augmenté de 11 % et le nombre de chômeurs séniors s’élève à 802 400 (chiffre officiel du 24 octobre 2014). Actuellement, 48,1 % des seniors seulement sont encore actifs en France.
Lors de cette intervention sur TF1, François Hollande a reconnu que les objectifs fixés dans le cadre du contrat de génération n’ont pas été atteints, alors qu’il s’agit de l’un des dispositifs phares de son programme au moment de l’élection présidentielle. Cette mesure prévoit une aide de 8 000 euros aux entreprises qui emploient un senior ayant au moins 55 ans et qui embauchent en même temps un jeune de moins de 26 ans en contrat à durée indéterminée. Jusqu’à présent, 31 000 contrats de génération ont été signés alors que l’objectif annuel a été fixé à 75 000.
Les actifs de plus de 50 ans sont de plus en plus nombreux à être au chômage. Découvrez les chiffres exacts à travers les statistiques de la Dares et de Pôle emploi.
Retraite.com vous informe sur la hausse annuelle du taux de chômage des seniors
Le nombre de seniors inscrits à Pôle emploi dans la catégorie A s’élève actuellement à 828 900, après une hausse mensuelle de +0,7 % et une augmentation annuelle de +9,1 %. La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) a publié ces chiffres le 25 mars dernier. Cette tendance à la hausse dure depuis 2014 et s’est poursuivie au cours du premier trimestre de l’année 2015.
Une hausse plus importante par rapport aux autres catégories d’actifs
Il faut noter qu’au mois de janvier 2015, une petite période de stabilité a été constatée : en effet, le taux de chômage des seniors n’a augmenté que de +0,1 % et le nombre d’actifs de plus de 50 ans s’est établi à 823 400 (janvier 2015).
Au cours de la même période, la hausse annuelle du taux de chômage des seniors est très élevée par rapport à celle des autres catégories d’actifs : +0,1 % pour les jeunes actifs de moins de 25 ans et +4,1 % pour les travailleurs âgés de 25 ans à 49 ans.
Les hommes davantage touchés par le chômage
D’après les chiffres publiés par la Dares, les hommes âgés de plus de 50 ans sont plus nombreux à être au chômage par rapport aux femmes de la même catégorie. En effet, leur nombre a augmenté de +0,8 % et s’est établi à 440 800, contre +0,5 % et 388 100 du côté des femmes de plus de 50 ans. Le nombre total de chômeurs inscrits à Pôle emploi dans la catégorie A serait actuellement de 3,494 millions, soit une hausse de +0,4 % en un mois.
La durée de la période de chômage a également augmenté pour les seniors
Pôle emploi a également publié des chiffres qui indiquent que le nombre de chômeurs seniors toutes catégories confondus (A, B et C) a progressé de +9,9 % et s’élève à 1,18 million. En revanche, la hausse est plus marquée pour les jeunes actifs de moins de 25 ans et ceux qui ont entre 25 ans et 49 ans : en l’espace d’une année, le taux de chômage a haussé respectivement de 3 % et de 6,2 %.
Par ailleurs, la durée de la période de chômage a aussi augmenté de trois jours pour les chômeurs de plus de 50 ans et s’établit aujourd’hui à 531 jours. Il faut savoir que l’allongement de la durée de chômage est de 71 jours sur une année. À titre de comparaison, la moyenne nationale de la durée de la période de chômage est de 289 jours.