Janvier 2021
Sommes-nous enfin prêts à vieillir ensemble très longtemps ?
- Écrit par Ludovic Herschlikovitz

Alors qu'on n'en finit pas de procrastiner autour des réformes qui permettraient d’anticiper la vertigineuse accélération du vieillissement de la population qui se profile, les années 2000 marquent la consolidation d’un système complexe d’aide et prise en charge des personnes âgées en France. C’est à cette époque-là, en effet, que sont votées les principales lois qui vont organiser ce système.
Les années 2000 : les lois majeures et la question éthique
Les années 2010- 2020 : une société de la longévité en suspens
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[1] Il s’agit de la loi du 2 janvier 2002, dite la loi 2002-2 qui rénove la loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales ; et de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Indépendance économique et perte d'autonomie
- Écrit par Ludovic Herschlikovitz

De l’indépendance économique des retraités à la prise en charge de leur perte d’autonomie
Les années 1960 et 70 : le rapport Laroque et l’approche de la gérontologie sociale
Les années 80 et 90 : l’approche par la “dépendance” et la structuration du secteur
A la fin des années 70, le climat économique s’assombrit fortement : chocs pétroliers, ralentissement de la croissance, explosion du chômage. C’est aussi à cette époque-là que s’amorcent les politiques de décentralisation, avec la loi Defferre du 2 mars 1982, qui confient aux départements la responsabilité de l’action sociale et de l’aide sociale à destination des personnes âgées. C’est dans ce contexte de décentralisation, de restriction budgétaire et de maîtrise des dépenses de protection sociale que se met en place une nouvelle ère des politiques vieillesse.
On passe ainsi d’une approche de la gérontologie sociale prônée par le rapport Laroque à une approche pathologique et médicale du vieillissement mettant l’accent sur les incapacités des personnes âgées. Les politiques vieillesse ne visent plus l’inclusion sociale, mais bien la prise en charge de la dépendance. Une prise en charge comptable : on mesure les incapacités, on détermine la quantité d’aide et on définit le coût associé.
Suivant cette logique, la méthode et classification de la grille AGGIR se déploient au cours de la décennie 90 pour devenir l’instrument national de mesure du niveau de dépendance d’une personne âgée à partir duquel on va déterminer les moyens de sa prise en charge.
Malgré ce changement d’approche, on continue à soutenir les dispositifs de maintien à domicile comme l’avait préconisé le rapport Laroque, mais cette fois en encourageant la diversification des modes d’intervention. On facilite l’emploi direct entre particuliers et on ouvre le secteur de l’aide à domicile aux entreprises à but lucratif.
Passer de la volonté politique à la structuration d’un système, il en faut du temps, surtout quand l’argent, le nerf de la guerre, fait défaut. Les années 90 auront été celles de cette lente structuration, pas toujours très équilibrée entre les territoires, mais qui aura vu aboutir la première prestation légale en nature destinée spécifiquement aux personnes âgées dépendantes, la Prestation spécifique dépendance (PSD). Un aboutissement de courte durée pour cette prestation qui sera revue et corrigée avec les grandes lois organisatrices des années 2000.
Véronique Cayado
Docteure en psychologie
Institut Oui Care
Au secours je vieillis ! Qui peut m’aider ?

Mais alors comment faisions-nous jusqu’à maintenant ?
La famille : un lieu naturel de solidarité entre les générations ?
Pendant longtemps, il n’existait tout simplement pas d’alternatives à la famille, outre les réseaux traditionnels d’assistance à la pauvreté.
Et puis, sous l’impulsion de tout un faisceau de changements, technologiques et économiques d’abord avec la révolution industrielle, le développement du salariat, l’exode rural, puis l’arrivée des femmes sur le marché du travail, toutes ces évolutions sociétales ont profondément transformé la structure familiale au cours du XXème siècle. La société dans son ensemble s’est réorganisée dans ses modes de gouvernance. On assiste au développement de l'État providence et au déploiement des politiques sociales qui prennent peu à peu le relai des solidarités traditionnelles sans jamais pour autant les remplacer totalement.
Véronique Cayado
Docteure en psychologie
Institut Oui Care